[La longueur de mon post dépasse la limite autorisée, par conséquent je mets l'histoire ici]
IV) Histoire:∆) Histoire: Un troupeau frissonnant qui dans l'ombre s'enfuit ;
Tout était sous ses pieds deuil, épouvante et nuit.
Derrière elle, le front baigné de douces flammes,
Un ange souriant portait des gerbes d'âmes.
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« Papa, qu’est-ce que c’est ? »Le coffre repose tranquillement sur le sol, devant elle, la narguant parce qu’il était fermé et que, comme chaque enfant de 4 ans et demi à son âge, Haru était saisie d’une insatiable curiosité qui la poussait à l’ouvrir. Elle tend son petit bras et tente d’actionner la serrure ; celle-ci est, bien sûr, verrouillée. Un souffle boudeur s’échappe de ses lèvres. Le paternel attendri prends sa fille dans ses bras et, lui ébouriffant les cheveux affectueusement, déclare d’une voix malicieuse:
« Ceci est ton cadeau, ma chérie. Mais tu es encore bien trop petite pour l’ouvrir. »La gamine regarde son géniteur avec de grands yeux innocents et, après avoir assimilé ses paroles, demande:
« Ah bon ? Je pourrais l’ouvrir quand ? »« Quand tu seras une femme. »Ce souvenir de sa petite enfance, Haru s’en rappelle encore parfaitement. Elle vivait alors avec ses parents, Feodora et Drago Nevoriac, dans les quartiers sud des résidences de la Cité de Kabadjios. Etrange, pour un Lupinal. Mais à cette époque là, la petite ne savait pas qu’elle en était un, et elle était encore trop jeune pour se rendre pleinement compte des conflits qui déchiraient le monde.
Ses parents suivaient à la lettre les préceptes dictés par la religion, sans toutefois jamais en faire plus que nécessaire, et toujours avec une forte mauvaise grâce, qu’ils s’efforçaient de ne pas rendre publique. Haru apprit plus tard, que ses géniteurs avaient été des espions qualifiés envoyés en territoire ennemi par les Excommuniés afin de recueillir moults informations. Mais pour l’instant, elle n’était ni au courant de la guerre, ni de l’identité secrète de ses parents ; et elle se contentait de vivre pleinement sa vie, comme ses paires, la tête pleine de rêves de richesse et d’ambition. Ils coulaient des jours sereins.
Dans un coin du salon, le coffre verrouillé trônait, comme la promesse d’un avenir heureux.
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La nuit. Du sang. Des cris. Dans l’obscurité baignée du poudroiement blafard de la lune, des flammes écarlates escaladent et dévorent petit à petit un bâtiment : la maison familiale de Haru. Qu’avait-elle fait, ô Dieux ? Qu’avait-elle fait pour mériter cela ?
Cette nuit aussi, la jeune femme s’en souvient comme si c’était hier. De la nuit où toute sa vie a basculé. Cette nuit où le crachin continu qui tombait depuis des heures ne parvenait pas à éteindre l’incendie qui ravageait déjà son berceau de souvenirs, son refuge. Elle venait d’atteindre ses 10 ans.
Sous son regard terrifié, gisent dans les décombres de la maison les cadavres ensanglantés et noyés de pluie de ses parents, dont les yeux vides et morts la fixe avec une intensité accrue. Les agents Feodora et Drago Nevoriac avaient été découverts, et aussitôt exterminés. Une milice armée jusqu’aux dents avaient fait irruption le soir même durant le repas familial…la suite est aisément imaginable.
La gamine qui regarde sans le voir le massacre de sa vie sent soudain une étreinte de fer se refermer sur son bras et l’entraîner à l’écart, derrière un mur effondré. C’est un soldat de la milice dont l’excitation fait déjà battre les tempes.
« Aller, viens, petite…ca ne durera pas longtemps… »Elle hurle, se débat, s’époumone ; rien à faire, l’homme l’a déjà allongée au sol en la maintenant plaquée contre terre. Bientôt, sans tenir compte de ses hurlements de folle hallucinée, il met sa peau d’albâtre tâchée de sang à nu et rentre en elle profondément, pour assouvir une soif impérieuse. Lui, il ne sait rien, on lui a simplement dit « tuez le couple » et, comme il n’a reçu aucune directive pour la gamine, il pense qu’il peut s’occuper d’elle.
Elle, suffocante par ses sanglots et le poids de l’homme sur elle, n’a plus qu’une envie: l’inexistence. Elle voulait mourir. Disparaître à jamais comme une fumée luminescente.
Cette nuit là, sa voix déchirée et brisée par les larmes hyalines qui coulaient à torrent de ses yeux, elle hurla longtemps son désespoir au vaste ciel étoilé et indifférent, avec pour toute réponse les échos des grognements bestiaux de l’homme qui l’avait violée.
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L’aube au manteau rosé la surpris alors qu’elle était encore allongée de tout son long dans l’herbe humide. Les larmes avaient laissé de profonds sillons sur ses joues de porcelaine et les vêtements, devenus haillons, dont elle était vêtue, étaient en lambeaux et souillés d’hémoglobine. L’incendie s’était enfin apaisée, la pluie aussi ; un soleil timide faisait même son apparition derrière une étendue de nuages immaculés.
Inutile de décrire le désarrois qui habitait Haru en cette instant. Toute sa vie s’était écroulée en une seule et même nuit. A présent, elle n’était plus qu’une poupée cassée et sans vie, un produit défectueux qui n’arrivait plus à redevenir un être humain. Pourquoi ? Pourquoi un tel malheur s’était-il abattu, sans aucun préliminaire ? Elle avait perdu tous ses repères, toutes ses convictions. Comment fut-il possible que Dieu eut pu laisser se produire une telle chose ? C’est en ayant cette pensée que sa mince croyance pour quelque religion que ce soit s’évanouit sur l’instant et qu’elle devint, inconsciemment d’abord, athée.
Si Haru ne se laissa pas mourir en ce jour frais de printemps, ce fut uniquement parce qu’elle se rappela, alors, tous les moments de son existence qu’elle avait pu vivre jusqu’à maintenant, tous les instants heureux passés en compagnie de ses parents. De minutes en minutes, une froide colère l’envahit, se transformant en haine glaciale, improbable et même impossible pour un enfant de son âge.
Ils avaient détruit sa vie.
Sans pitié, elle leur prendrait la leur.
Telle fut la pensée de l’enfant à cet instant ; et c’est sur cet objectif qu’elle trouva la force de se relever, de marcher, d’aller fermer les yeux de feus ses parents. Au cou de son père, elle trouva une petite clé d’argent. Ses yeux brillèrent un instant : la clé du coffre.
Lorsqu’elle ouvrit celui-ci, qui, par chance, n’avait pas été totalement ravagé par les flammes, il dévoila un intérieur de velours noir, contenant une arme. Une magnifique épée, dont le fourreau incrusté de dorures et d’ivoire portait les inscriptions : Ryomen No Zuka.
L’héritage de son père.
A côté, elle trouva une enveloppe cachetée de cire qu’elle ouvrit, et, le cœur battant, lu la grande écriture vermillon qu’elle reconnut comme étant celle de son père.
« Haru,
tout ce que tu dois savoir est écrit dans cette lettre. Elle contient ton passé, ton présent, et probablement ton avenir, si tu le souhaites. Ta mère et moi n’avons jamais été que des Excommuniés envoyés ici en mission d’espionnage. Si nous ne t’avons jamais rien dit, c’était dans l’espoir que tu restes aussi ingénue que tu l’es au moment où j’écris ce message.
Cette épée est le seul objet que je tiens véritablement à te léguer. Il y a derrière elle toute une histoire. Ne t’en sépare jamais, garde-là comme ta vie. Elle a plus d’importance que tu ne le crois.
Haru, je n’ai jamais eu qu’un seul regret : celui d’avoir du, pendant tout ce temps, te dissimuler la vérité, tout en nourrissant secrètement l’espoir que tu t’épanouisses et qu’un jour, tu aies la volonté de changer la face du monde.
Je crois en toi, Haru. Je t’attendrais, toujours.
Ton père. »Jamais pareil cri ne se fit entendre dans le coin.
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Les années avaient passé.
Il était étrange de voir comme certains souvenirs s’oublient facilement alors que d’autre restent à jamais gravés dans notre mémoire. C’était le cas pour la mort des parents de Haru. Jamais, en tant de mois, elle s’était détournée une seule fois de son objectif.
Après avoir récupéré dans sa maison dévastée Ryomen No Zuka, la jeune fille s’était mise en tête de quitter le pays. La raison pour laquelle elle n’avait pas été tuée au cours du raid demeurait un mystère. Sans doute la milice n’avait-elle pas eu d’ordre la concernant, où l’homme qui avait bafoué sa virginité l’avait cru morte en la voyant inerte. Quoi qu’il en était, elle était maintenant considérée comme une Excommuniée, et rester dans l’empire serait du suicide.
Au terme d’un voyage de plusieurs mois, Haru parvint enfin à la frontière et franchit définitivement une autre étape de sa vie. Elle avait alors onze ans, et un royaume inconnu s’ouvrit devant elle.
Les années qui suivirent, Haru les passa à voyager, s’instruire, combattre, gagner en autorité et en grade. Son objectif au long terme était de rejoindre la Vallée des Trois Cols, là où elle pourrait enfin trouver un refuge. Si elle n’a pas de solides prédispositions, une enfant de 11 ans n’est pas censée pouvoir survivre ainsi seule. Chez l’adolescente, seule sa soif de vengeance la poussait en avant. Elle devint une combattante hors paire, une technicienne de génie, dont la finesse et l’efficacité étaient redoutables. Aucun obstacle sur sa route ne parvint à lui faire rebrousser chemin.
L’année de ses dix-huit ans, Haru atteignit Farlez. Ce fut dans cette ville qu’elle eut enfin la possibilité de concrétiser son objectif. Combien de personnes rencontra t-elle alors, cela, elle n’en sait rien. Des milliers, après tant de moments de solitudes…et autant d’adversaires. La plupart lui paraissait jactants et méprisables, pudibonds et sardoniques. Depuis l’incendie de sa maison, la jeune femme était devenue farouche et colérique. Toute sa joie de vivre avait disparu. C’est armée de sa volonté seule et de Ryomen No Zuka qu’elle parvint à se faire un nom parmi les Excommuniés, et est aujourd’hui bras droit du célèbre Krago Gil'Dillian. Elle était athée, qu’importe ? Elle jouait très bien la comédie. En se faisant passer pour une croyante, elle eut accès à toutes sortes de privilèges. Et tout le monde n’y vit que du feu.
A 22 ans, son rêve s’est enfin réalisé. La mort de ses parents est vengée. Mais Haru ne compte pas s’arrêter là. Elle voue une haine sans borne à tous les Kabadj et mène contre eux une lutte sans merci.
Aucune peur, aucun pyrrhonisme. Juste une volonté.
Tuer.
V) Autre chose ?Euh...merci de m'acceuillir? ^^"
Fiche achevée